Déclaration liminaire

Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’Histoire, c’est Dominique Bernard, professeur de lettres qui  est assassiné dans son lycée parce qu’il est enseignant. C’est l’école qui est attaquée et  ce sont ceux qui y travaillent, qui sont en première ligne et qui subissent ces violences. Nous sommes sous le choc.

    On pense à sa famille, ses collègues, ses élèves. On pense aux familles, et aux élèves de ceux qui ont été blessés. On pense à nos élèves, nos collègues et à nos familles. Il faut protéger l’école. Cela passe bien entendu par des mesures de sécurisation des établissements et des personnels mais ce n’est pas que cela. C’est travailler un climat scolaire qui permet la coopération et la liberté d’expression. C’est travailler des contenus scolaires d’une école qui prend le temps de former à l’esprit critique et à l’épanouissement des élèves, ce qui évite la radicalisation . 

    Avant ce choc, c’était déjà une rentrée bien anxiogène qui s’était déroulée cette année. En lycée, bien que satisfaits du calendrier des épreuves de spécialités, les enseignants du second degré ont dû attendre octobre pour avoir les informations qui leur étaient indispensables pour programmer le travail de leurs élèves, ce qui favorise une perte de sens du métier. Dans certains corps administratifs et techniques, l’absence de versement de la paie du mois de septembre a plongé de nombreux collègues dans des problèmes financiers dont les conséquences ne seront prises en charge que par eux-même. Les annonces ministérielles sur le remplacement rendent les collègues très inquiets du risque prévisible de disparition d’une formation sur le temps de travail. L’absence de réelles revalorisations salariales en cette période d’inflation accroît le sentiment de devoir toujours en faire plus, comme avec le PACTE, pour de moins en moins de traitement et de considération pour les métiers. 

    Dans ce contexte générateur des risques psychosociaux, la délégation FSU de la F3SCTA ne peut que déplorer le manque de médecins, infirmièr.es, psychologues et autres personnels  permettant un suivi de tous les personnels. Le faible effectif de médecins du travail ne permet ni de gérer les urgences, les dossiers médicaux des personnels ayant des pathologies nécessitant une attention particulière et/ou en situation de handicap, ni de mettre en place une prévention qui reposerait sur des analyses de terrain.

    La délégation FSU-CGT éduc’action rappelle également que le suivi et l’accompagnement des personnels victimes de violences ou de menaces entre dans le cadre des responsabilités de l’employeur. Les événements et les agressions de tout ordre contre les personnels se sont amplifiés, les manifestations sont protéiformes mais l’usage des nouvelles technologies contribuent à l’aggravation des conséquences pour les personnels qui en sont victimes. La note du secrétariat général Haut fonctionnaire de défense et de sécurité en direction des recteurs et des rectrices affiche la volonté de répondre à toute situation de violence mais  le terrain attend des moyens et une méthodologie effective pour protéger, assister en cas d’agression un.e agent.e et restaurer la dignité professionnelle quand elle est remise en cause dans le cadre du travail.

    Enfin, le réchauffement climatique est générateur de risques anticipables. Il est urgent de travailler  sur la qualité du bâti scolaire et ses impacts sur la santé des personnels. Il ne faut pas attendre l’apparition de maladies professionnelles pour insonoriser, isoler, penser des locaux adaptés dans leur ambiance thermique, sonore et spatiale aux conditions de travail. Une proportion encore  inquiétante des structures scolaires semble contenir des matériaux dégradés d’amiante ce qui affecte bien évidemment la santé des personnels et des usagers.

    Autant de dossiers importants concernant la santé des personnels sur lesquels nous avons besoin de toute votre attention et qui doivent être les axes de travail de la F3SCT-A cette année. 

    Merci. 

 

Compte-rendu

La Rectrice, après avoir exprimé sa peine et son attention aux personnels suite à l’assassinat de Dominique Bernard et des collègues blessés lors de l’attentat d’Arras, a rappelé les mesures de sécurisation mises en place :

    • Plan de mise en sureté (PPMS). Rappel aux établissements de l’importance de ces exercice mais demande de report pour le moment et jusqu’aux vacances de Toussaint pour ne pas alimenter les angoisses des usagers.
    • Plan d’urgence – Attentat en cours avec renforcement des mesures d’accès aux établissements.
    • Poursuite de la politique de signalement de toutes atteintes aux personnes au sein des établissements scolaires. Signalement au Procureur systématique.
    • Protection fonctionnelle accordée systématiquement.

De nouvelles directives ministérielles sont attendues et un travail est engagé avec les collectivités territoriales .

Pour la Sécurité psychologique des personnels, une cellule d’écoute académique est ouverte et tenue par Christophe Ravet et les Assistantes Sociales des personnels.

Nous vous rappelons le numéro : 05 16 52 65 80 (ligne ouverte de 10H à 17H)

et le numéro vert de la MGEN numéro vert 3615.

La Rectrice rappelle la complexité du terrorisme islamique et affirme que l’école n’est pas responsable des actes commis sous cette influence, car il y a des canaux de manipulation de la jeunesse dans les médias par exemple qui organisent la désinformation et parasitent les discours tenus à l’école. C’est pourquoi l’académie travaille également en lien avec les renseignements territoriaux des préfectures.

Les équipes mobiles de sécurité seront amenées à établir des diagnostics de sécurité dans chaque établissement pour prévenir les risques d’attentat au mieux.

Il faut également avoir une réaction éducative. Il est possible, par exemple, d’organiser des Journées laïcité pour les établissements volontaires.

La FSU – CGT éduc’action demande également des journées de formation des personnels, adaptées à ce risque terroriste. Nous insistons également sur le fait que la prévention passe par des moyens financiers et humains qui doivent être augmentés.

Enfin nous rappelons que le registre Santé et Sécurité au Travail (accessible par la petite cloche sur l’intranet à côté de l’onglet de votre messagerie) est à alimenter par les collègues qui ont des angoisses mais aussi des idées pour sécuriser leurs conditions de travail et leurs établissements.

Le secrétaire général rappelle également la nécessité de la mise à jour des DUER dans chaque établissement.

La Rectrice a quitté l’instance après ces échanges et la F3SCT-A a repris le cours plus quotidien de ses travaux.

Il a été présenté la campagne de communication sur les violences sexistes et sexuelles et le numéro d’écoute Stopdiscri.

Pour vous informer sur l’intranet :

https://www.intra.ac-poitiers.fr/mes-rubriques/une-cellule-d-ecoute-academique-pour-lutter-contre-les-violences-et-les-discriminations-au-travail–325080.kjsp?RH=1192696847494

L’équipe d’écoutants est en train de se former. Il y aura des temps forts organisés dans l’académie les 24 novembre et 8 mars. La FSU-CGT éduc’action a fait remarquer la faible diffusion de la campagne dans les établissements et demandé à ce que la référente académique concernant les violences sexistes et sexuelles soit mieux associée à ces actions afin qu’elles soient plus adaptées aux réalités des personnels destinataires.

Les représentants des personnels ont également demandé à être informés à chaque FSSSCT départementale ou académique du nombre de signalements effectués dans leur périmètre et de la procédure d’écoute et d’orientation appliquée à chaque situation.

Une présentation d’un bilan statistiques de nombre de RSST a été réalisée. Il apparaît qu’il y a une augmentation de 114 signalements. Leur origine se décline ainsi : + 105 agressions physiques, + 78 agressions verbales et +22 environnement thermique.

Les risques psychosociaux restent en tête du nombre de signalements notamment avec les agressions verbales et physiques. La mise en place d’un GT pour la prévention des violences envers les personnels du premier degré a amené à penser la formation des personnels ainsi que la création (en cours) d’une boite à outils, faisant le bilan des réactions possibles.

La FSU demande également un GT sur les ambiances thermiques mais le secrétaire général répond qu’il ne peut mettre en œuvre que deux axes prioritaires seulement: les intrusions et agressions et les RPS.

L’inspectrice Santé et Sécurité au travail, Mme Pfeiffer, présente son rapport annuel. Elle souligne qu’il y a une nouvelle circulaire sur l’amiante et espère que cela va permettre de faire avancer ce dossier qui n’est pas encore totalement réglé dans l’académie.

Il y a des webinaires « 30 minutes pour comprendre » qui seront accessibles sur l’intranet pour que les personnels concernés puissent s’emparer de certaines problématiques concernant la santé et la sécurité au travail. Ils sont produits par notre ISST.

Enfin, grande nouvelle : le rectorat est en train de finaliser un recrutement avec un médecin du travail à 100% qui viendrait en principe en décembre, ce qui permettra le recrutement, en plus, d’un médecin collaborateur mais aussi de l’ensemble d’une équipe pluridisciplinaire .

Enfin, devant la diffusion du nouveau variant de COVID, la FSU-CGT éduc’action a posé en question diverse une demande concernant l’élévation du niveau de protocole et une demande de réassort en masques, gel et tests. La réponse qui nous a été faite est qu’il n’y a pas de préconisation nationale et que ce sont les gestes barrières classiques qu’il faut mettre en œuvre.

Nous sommes à votre écoute pour porter vos préoccupations en instance ; n’hésitez pas à contacter vos référents syndicaux FSU d’établissement, de département ou académiques.