La déclaration de la FSU
Ce CTA se déroule au moment même où Mme la Ministre de l’Education Nationale présente le détail des mesures évoquées hier par le président de la République lors de ses vœux au monde de l’Education. François Hollande a parlé d’un plan ambitieux, exigeant, un acte de confiance dans l’Ecole, les professeurs, les personnels, d’une mise en œuvre rapide et d’assises de l’Ecole avant la fin de l’année scolaire. Ce plan, nous citons encore, visera à renforcer la transmission des valeurs républicaines aux élèves, notamment le respect des droits, l’égale considération des personnes, la solidarité, le sens de l’intérêt général, la citoyenneté. Le principe de laïcité doit être concret a-t’ il ajouté. Nous ne pouvons qu’approuver sur le fond et sur les calendriers. Mais nous attendons bien plus qu’un plan exceptionnel de formation des enseignants et des personnels à la laïcité, la citoyenneté, et au fait religieux, un plan qui pourrait se limiter à la formation initiale. Nous attendons beaucoup plus qu’une « réserve citoyenne d’appui », composée de chefs d’entreprise, d’avocats, de professions diverses » comme on l’a entendu, une réserve que les recteurs auraient sous leur autorité.
Quand l’après 7 et 9 janvier amène le gouvernement à renforcer le renseignement, avec la création de plus de 2500 emplois, mesure très certainement indispensable, nous lui demandons aussi et de manière tout aussi immédiate, de renforcer l’enseignement.
Ces emplois (+ de 2500) sont supérieurs, par exemple, à ceux créés dans le premier degré pour la prochaine année scolaire. Ils sont aussi évidemment supérieurs à ceux qui vont être consacrés au niveau dispositif de l’Education Prioritaire.
Dès maintenant et a minima, nous demandons que la priorité à l’Education se concrétise par des dotations spécifiques pour l’Education Prioritaire, venant donc s’ajouter aux dotations globales décidées en CTM en décembre. Sans cela le discours présidentiel qui a salué la mobilisation exemplaire des personnels de l’Education Nationale, restera vide de sens et d’efficacité.
Or, en l’état actuel des choses, la préparation de la rentrée dans notre académie se déroule sur fond de politiques d’austérité réaffirmées qui nourrissent les inégalités et la désespérance. La FSU a toujours soutenu le rôle de l’école dans la formation citoyenne, la transmission des valeurs, la responsabilité de donner une culture commune émancipatrice qui devrait être enseignée bien au-delà de la scolarité obligatoire à 16 ans. L’école publique avec ses enseignants et l’ensemble des personnels constitue un rempart incontournable contre la relégation des plus fragiles et la montée de tous les obscurantismes. Plus que jamais notre pays a besoin de son école et doit lui donner les moyens de lutter efficacement contre l’échec scolaire qui touche en premier lieu les enfants issus des milieux populaires. Ce devrait être une véritable priorité.
Faute de quoi les logiques ultra sécuritaires et le tout répressif, dont nous voyons poindre les prémices, y compris dans notre secteur, risquent de prendre le pas sur l’éducatif et la formation du futur citoyen.
A l’heure actuelle les emplois dégagés pour l’Education Nationale le sont uniquement par redéploiement d’une partie des 11 879 suppressions dans les ministères non prioritaires. Globalement le nombre de fonctionnaires d’Etat va diminuer, et l’on peut craindre qu’il en soit bientôt de même dans la fonction publique territoriale, dans laquelle on compte des agents qui travaillent dans les collèges et dans les lycées. Les moyens récupérés ainsi au détriment d’autres Services Publics qu’il faudrait au contraire renforcer dans le contexte actuel, ne seront pas suffisants pour espérer amorcer enfin l’amélioration des conditions d’études des jeunes et des conditions de travail des personnels
La dotation académique est insuffisante dans le premier (+41 emplois) comme dans le second degré (+122 emplois), pour alléger les classes, voire même pour seulement éponger la poursuite de la progression des effectifs, ce qui va probablement entraîner une nouvelle dégradation de l’offre. En dehors des établissements labellisés REP+, la nécessité de baisser partout les effectifs par classe n’est visiblement pas d’actualité pour le gouvernement, alors que c’est la première revendication des enseignants.
Des enseignants, des personnels, dont le président de la République (toujours) estime qu’ils doivent être renforcés dans leur autorité, qu’ils ne sont pas des fonctionnaires comme les autres et qu’ils ont une mission confiée par la République.
Pour la FSU, le renforcement de la reconnaissance passe dès maintenant par une revalorisation salariale, le dégel du point d’indice, le rattrapage des pertes subies depuis plus de dix ans et une égalité de traitement à statut identique.
Le déclassement salarial, la déclaration continue des conditions de travail font plonger nos professions dans une crise de recrutement sans précédent qui frappe aussi maintenant de plein fouet le premier degré partout en France. La reconstruction de la formation initiale, qui, comme le reste, est arrêtée au milieu du gué, n’arrange rien.
Salaires, conditions de travail, formation initiale et continue, voilà pourquoi la FSU prend toutes ses responsabilités en appelant l’ensemble des personnels de l’Education Nationale à la grève le mardi 3 février, tant les enjeux sont élevés.
Premier degré
Pour commencer, quelques mots sur le calendrier ou plutôt son report imposé par le Ministère. Le SNUipp-FSU s’est adressé par courrier à Mme le Ministre pour lui dire tout le bien que nous pensons de sa décision, sur le fond et sur forme. Concernant la forme, elle est lamentable, tout à l’oral et encore, rien à l’écrit tellement la justification est honteuse, bafoue le débat démocratique et politique. La Ministre ne se grandit pas. Le dialogue social, mais on n’en prendra pas l’habitude, est une fois de plus maltraité, le travail des services, Rectorat et IA plus encore, considéré avec mépris.
Et là on aborde le fond, celui que nos départements vont finir par creuser avec ou plutôt sans les moyens qu’ils vont recevoir. Avec 41 emplois supplémentaires accordés à l’Académie, tout était déjà dit, mais avec le projet d’arbitrage académique on y voit plus clair ou plutôt plus sombre pour chacun de nos départements. Pour quatre d’entre eux aux dotations nulles ou pire encore négatives, le signal est désastreux, en contradiction totale avec la priorité à l’école, à l’opposé des besoins qui sont les leurs.
Pour le Loiret et l’Indre-et-Loire qui concentrent les hausses d’effectifs attendus, les dotations positives se traduiront au mieux par le statu quo, les P/E sont là pour le montrer, même s’ils ne disent pas tout de l’état d’un département. Si les seuls enjeux et défis étaient ceux de « l’absorption » des effectifs, notre expression serait certainement un peu plus modulée. Mais d’ores et déjà les priorités ministérielles incontournables que sont l’Education Prioritaire et le régime légèrement amélioré des décharges de direction vont consommer la totalité, et plus encore, des 41 emplois. Un décompte précis des besoins des 6 départements sur ces 2 domaines font apparaître le total de 55 postes. Le détail par département (37 ; (10) – 28 ; (12) – 18 ; (6) – 41 ; (8) – 45 : (13) – 36 ; (6).
En précisant qu’il s’agit d’une estimation a minima dans laquelle ne rentre pas, par exemple, le « plus de maîtres que de classes » qui doit à terme concerner toutes les écoles classées Rep +. Pour ces 2 priorités, le SNUipp-FSU, qui soutient ces mesures, revendique une dotation correspondante venant s’ajouter aux 41. Car les besoins ne s’arrêtent pas là. Ils sont importants pour mieux scolariser les 2-3 ans et avant tout pour desserrer les effectifs par classe, priorité des priorités pour la profession. S’y ajoutent les terrains du remplacement, de la formation continue et la nécessité de reconstruire les RASED.
Nous voulons aussi rappeler dès maintenant les engagements pris par Mme le Recteur après nos interventions répétées sur les postes de réadaptation. Il est plus que temps que ces engagements trouvent un début de concrétisation pour engager un plan pluriannuel d’augmentation du nombre de supports, tellement les souffrances de nos collègues, attestées par le corps médical, sont grandes et doivent trouver réponse.
En ne donnant pas à l’Ecole même le minimum pour améliorer un peu son fonctionnement, le gouvernement et le Ministère n’entendent toujours pas ce que lui crient les organisations syndicales, en premier lieu le SNUipp-FSU qui s’échine à démontrer, à proposer, à l’alerter.
Si le Professorat des Ecoles est en crise aigüe, si la quasi-totalité des départements de l’Académie ont déjà ou sont en train de recruter des enseignants contractuels, c’est bien sûr parce que nous sommes maltraités en terme de rémunération mais c’est aussi parce que les conditions de travail au quotidien se dégradent.
Pour finir nous voulons redire qu’il n’est pas question d’entrer dans la moindre discussion sur la répartition des emplois ; on ne commencera pas aujourd’hui ce que nous n’avons jamais fait.
Par contre le SNUipp-FSU mettra tout en œuvre dans les semaines qui viennent pour fédérer les énergies de tous ceux (personnels de l’EN, parents d’élèves, élus) qui estiment que le 1er degré au sein de notre Académie ne peut pas continuer à subir cette forme d’austérité. C’est ce que le SNUipp-FSU avec la FSU mettra en avant lors de la grève du 3 février prochain.
Second degré
Divers besoins seront prélevés sur la dotation du Second degré, diminuant d’autant l’impact des 122 postes supplémentaires octroyés pour faire face à la hausse de 1607 élèves : il s’agit notamment des moyens pour les 10 REP+ (21 ETP), pour les Professeurs Formateurs Académiques (2 ETP), l’utilisation d’une partie des HSA pour financer les décharges nécessaires aux Compléments de service et les nouvelles indemnités pour missions particulières.
Concernant ces nouvelles indemnités, nous dénonçons les déplorables conditions dans lesquelles le Ministère travaille, et leurs répercussions sur les conditions de consultation des personnels et de leurs représentants, en particulier dans les établissements. Alors que le financement de ces indemnités est lié à la conception des dotations des établissements, les décrets ministériels ne sont pas encore publiés. Ni les informations sur les montants des indemnités ni celles sur les missions auxquelles elles correspondent, ne sont établies. L’attribution de ces indemnités risque de générer des inégalités entre les établissements et entre les personnels, ainsi qu’une mise en concurrence entre les disciplines. En l’état actuel du projet, ces indemnités auront comme résultat, pour un bon nombre de professeurs, de « travailler plus pour gagner moins » ; elles ne peuvent en aucun cas être la réponse à la perte salariale qui frappe de plus en durement tous les enseignants, et qui est l’une des explications à la crise des recrutements actuelle. Conformément à ce qui a été acté lors du Groupe de travail sur le Second degré, les débats sur la répartition des IMP dans les établissements devra être repoussée jusqu’à la parution du décret et de la circulaire ministériels.
Dans les collèges, avec 489 élèves de moins et 31 postes retirés, le taux d’encadrement (H/E) va globalement diminuer par rapport au constat. Adieu, donc, tout espoir de voir les classes passer sous la barre des 25 élèves, et d’augmenter le nombre des dispositifs d’aide et de soutien ! Le prélèvement d’HSA pour le financement des IMP pourrait même compromettre les dispositifs qui existent encore dans les établissements.
Dans les lycées, 152 postes sont ajoutés pour faire face aux 1775 élèves supplémentaires attendus. Les moyens sont difficilement mobilisés, puisqu’il vous a fallu entre autres renoncer aux ouvertures prévues en BTS dans la carte des formations professionnelles. Ils sont concentrés sur la priorité qu’est l’accueil de 317 élèves supplémentaires et l’ouverture de nouvelles classes, toujours sur la base de 35 élèves. La « priorité » accordée aux lycées ne va pas plus loin. Aucune perspective d’amélioration qualitative n’apparaît dans les conditions d’accueil des élèves.
Dans les lycées professionnels, les 48 postes pour 271 élèves supplémentaires vont laisser les classes aussi chargées, car l’augmentation du nombre de places se fait en grande partie par un accroissement des capacités d’accueil. Le gouvernement est visiblement plus enclin à donner des moyens et à promouvoir l’apprentissage.
Un point positif en ce qui concerne la vie scolaire, l’académie reçoit de nouveau des postes de CPE, 12 cette année, après les 9 de l’an passé. Ces postes permettront de doter les établissements les plus déficitaires mais nous soulignons une nouvelle fois qu’ils doivent aussi servir à supprimer les postes partagés qui restent bien trop nombreux, et que l’académie s’ingéniait à multiplier il y a peu d’années encore.
Les deux créations de postes d’infirmières ne sont que la régularisation des postes non budgétisés des deux années précédentes. Nous demandons une explication sachant qu’une quarantaine de postes manquent sur l’académie. Pour plus de compréhension, nous souhaitons avoir un historique argumenté sur la création et la budgétisation des postes depuis 2000.
Postes d’assistants sociaux : Sur les 50 créations de postes d’AS à la rentrée 2015, seuls deux postes sont affectés à notre académie. La FSU en prend acte, tout en dénonçant le déficit de postes dans ce secteur social ; par exemple pour l’Education prioritaire, il faudrait a minima 350 AS au niveau national pour chacun des REP+ et la création d’un service social en faveur des élèves du 1er degré.
Alors que les inégalités s’accentuent et que les services sociaux de l’Education nationale ont un rôle essentiel à jouer – d’autant plus dans le contexte actuel, comment régler les problèmes de fond, assurer ainsi un véritable service public d’éducation et favoriser l’égalité des chances ?
Concernant les postes administratifs, le comité technique ministériel du 17 décembre dernier a débouché sur l’annonce de 100 créations à la rentrée 2015. Malheureusement, au nom de prétendus « rééquilibrages » entre académies, aucun poste supplémentaire ne sera alloué à notre académie. Alors que les missions des personnels administratifs en EPLE et en services académiques sont nécessaires à la mise en oeuvre de l’acte éducatif, la FSU attend autre chose que des effets de communication et réaffirme l’exigence de la re-création des supports administratifs supprimés ces dernières années dans l’académie d’Orléans-Tours.
Alors que l’orientation est présentée comme une priorité, une fois de plus aucune création n’est prévue cette année dans le corps des Co-psy, malgré la nouvelle progression des effectifs. Comment pourront-ils faire face à toutes les demandes des élèves et des familles et assurer dans la durée le suivi des élèves, notamment les plus en difficulté ? Les personnels et surtout les jeunes ne peuvent se contenter de discours qui, mis à l’épreuve de la réalité, créent inévitablement de la frustration. Il ne suffit pas d’affirmer que chaque jeune doit bénéficier d’une aide dans l’élaboration de son projet d’étude et/ou professionnel, encore faut-il créer les conditions de ce suivi et de cette aide. Cette absence de moyens nouveaux est d’autant plus brûlante qu’on attend des personnels qu’ils appliquent bientôt les nouveaux décrets sur le droit à retour en formation des 16-25 ans. Plusieurs centaines de postes seraient nécessaires pour appliquer ces deux décrets au plan national. Sans parler des conséquences du SPRO, notamment du premier accueil sur la charge de travail des personnels des CIO. Nous reviendrons plus précisément sur les conditions inacceptables de sa mise en place dans le point de l’ordre du jour sur la convention régionale.