Formation initiale du 1er degré : La FSU reçue par la direction de l’INSPE

le 15 juin 2023

La FSU a souhaité rencontrer la direction de l’INSPE pour faire le point sur cette année de formation des professeurs des écoles stagiaires et les perspectives pour la rentrée prochaine – compte tenu du constat partagé sur la nécessité de fortes améliorations.

Sans entrer dans le détail des retours des stagiaires déjà relayés dans plusieurs instances, nous avons mentionné trois points saillants dans leurs demandes, sur lesquels nous souhaitons connaître les pistes envisagées :

  • demande de temps d’observation de classes de PEMF
  • remise en cause des évaluations
  • redondances dans les contenus de master (pour les stagiaires temps plein)

Nous souhaitons aussi aborder la question de la réduction du nombre de groupes de stagiaires mi-temps à la rentrée prochaine (de 8 à 4) et ses conséquences. Les déplacements qui seront imposés aux stagiaires représentent une perte de temps et une plus grande fatigue – c’est une nouvelle dégradation de leurs conditions de formation (alors que, rappelons-le, leur affectation est départementale, non académique). C’est aussi une nouvelle contrainte pour les formateurs INSPE, qui doivent, depuis dix ans, tout remettre en cause chaque année (organisation, contenus, emplois du temps, services), avec le sentiment d’une perte de sens de leur expertise qui se renforce ;

  • comment sera organisée la formation ? comment seront répartis les groupes sur les différents sites ?
  • comment les frais de trajets imposés aux stagiaires seront-ils pris en compte ? le remboursement au forfait (indemnité forfaitaire de formation -IFF-, décret de 2014) ne sera pas suffisant mais l’académie de Poitiers n’accepte pas le remboursement des frais réels (pourtant prévu par le décret de 2006)
  • quel modèle pour la suite ?

Eléments de réponse apportés par Denis Alamargot, directeur de l’INSPE, et échanges.

Sur la formation des stagiaires d’un point de vue global

Le directeur indique que la consultation des stagiaires effectuée par l’INSPE met en évidence des résultats convergents avec les retours de la FSU sur les problèmes rencontrés cette année. Le constat est donc partagé et il y a une volonté d’améliorer la formation, qui s’est montée dans les conditions de précipitation et manque de visibilité qu’on connaît :

  • les modules EAFC sont souvent mieux notés que ceux de l’INSPE – pour autant il n’y a pas de remise en cause de la part de la direction du travail des collègues.
  • les stagiaires disent que la formation n’est pas assez aidante pour la prise en main de la classe. Ce qui ressort de l’enquête : souhait qu’un tuteur soit présent pendant une semaine, puis des temps d’échanges de pratiques. Il apparaît qu’il faut environ quatre mois pour qu’ils se sentent “bien”. Une discussion est en cours avec l’AEFC pour une entrée plus accompagnée et la possibilité de ne pas placer deux stagiaires mi-temps en binôme (mais sur un complément de PEMF ou de directeur par exemple).

La FSU précise sur ce dernier point que la formation n’est pas dans la compétence des directeurs d’école et que ceci ne pourrait venir s’ajouter à la liste déjà longue de leurs missions. On peut donc envisager qu’un stagiaire soit complément d’un PEMF – ou d’un MAT à la condition que celui-ci bénéficie d’une décharge (revendication FSU) – ce qui n’est pas le cas actuellement.

La direction de l’INSPE présente les premières mesures prises pour l’amélioration de la formation :

  • mieux répartir les interventions EAFC / INSPE dans la formation des stagiaires temps plein : faire intervenir EAFC dès le début de la formation, car c’est là que se trouvent les forces pour les questions de prise de poste (outils, techniques). Sur les parties modulaires, l’INSPE pourrait intervenir plus (dans les différentes UE)
  • mettre en place un véritable accueil des stagiaires, avec brochure et description. Il faut rassurer les stagiaires temps plein sur la question du DU et de l’évaluation (globalement sur quitus). C’est l’oral qui a posé problème : il faut travailler à en modifier la perception et clarifier les attentes pour qu’il ne soit pas perçu comme une épreuve formelle mais prenne la forme de temps de réflexion collective.
  • sur Oral : oral professionnel dans lequel il faut mettre du sens
  • propositions de co-intervention AEFC/INSPE en journée thématique

La FSU considère que ces mesures vont en effet dans la bonne direction. Mais la formation n’est pas seulement l’adéquation au poste du moment. Les textes prévoient un crédit de formation de 10 à 20 jours (arrêté du 4 février 2022) : l’enjeu est de mieux former et sur le long terme. Elle demande donc d’appuyer la demande d’une augmentation du nombre de jours pour atteindre le maximum auquel ont droit les stagiaires temps plein, d’autant que sur la question des remplacements des PE (principal obstacle à la formation sur temps de travail), des bougés récents ont été observés (la Vienne a par exemple créé 6 postes de remplacement Formation Continue – ce qui va dans le bon sens).

Sur la question de la réduction des groupes de stagiaires mi-temps

  • La direction présente les pistes actuelles pour l’an prochain : deux axes de formation, La Rochelle-Niort, Angoulême-Poitiers sur lesquels les stagiaires seraient regroupés. Cela permet de diviser par deux le nombre de groupes actuel, et d’éviter le coût engendré par la mise en binôme des stagiaires, avec comme conséquence par exemple qu’un groupe ne comporte que trois étudiant-es. Pour un groupe, cela pourrait se traduire par une répartition du type : une partie de la formation sur un site (par exemple une UE), une autre partie sur l’autre site.

La FSU considère que cette réduction dégrade les conditions de formation des stagiaires et de travail des formateurs. Plusieurs questions doivent être prises en compte :

  • lieu à partir duquel se calcule le déplacement des stagiaires vers le lieu de formation : lieu d’habitation ou d’affectation ?
  • les déplacements des stagiaires sont financés par EAFC : or jusqu’à maintenant, l’académie refuse d’appliquer le décret permettant la déclaration des frais réels au lieu du forfait – si les déplacements augmentent, il faut que cela soit possible. Une réflexion s’impose aussi sur la prise en charge de nuitées si plusieurs jours de formation sont groupés.
  • l’institution court le risque de recours si les conditions de formation se trouvent très inégales entre stagiaires (trajets plus importants pour certains, fatigue induite, perte de temps pour travailler…)
  • la question de l’efficacité de la mesure se pose : est-il plus économique de faire se déplacer les stagiaires (si on prend réellement en charge les coûts) que de financer la formation non dégradée ?

De toute évidence, la formation est sous-financée. C’est donc au niveau national qu’il faut porter la demande d’un budget de formation à la hauteur de la réalité de la formation, dans le souci de la préservation du caractère départemental des affectations des PE et la volonté de maintien des sites de formation.

Sur les équipes

  • La direction indique son souhait de retrouver à l’INSPE une formation des tueurs et MAT, qui se disent eux-mêmes quelquefois loin de la formation (ce qui est confirmé par l’enquête du rectorat et celle menée auprès des stagiaires). La FSU est en accord avec ce constat et la nécessité d’une réelle formation pour les tuteurs et MAT – ce qui ne peut pas se réduire à l’analyse d’un référentiel. Les enjeux sont forts pour la formation : plusieurs formateurs relayent par exemple les difficultés de certains étudiants M2 à s’affranchir des pratiques de l’enseignant titulaire de la classe et donc à penser par eux-mêmes leur pratique, leurs outils etc. Réciproquement, certains MAT ont le sentiment d’être “évalués” à travers la formation. 
  • La direction souhaite ouvrir un DU pour les titulaires du nouveau CAFIPEMF, afin qu’ils puissent mener un travail de recherche et de rédaction de mémoire (puisque celui-ci a été supprimé des nouvelles modalités de certification).
  • Il faut chercher l’équilibre entre les contributions EAFC / INSPE et valoriser ce que chaque partie apporte à la formation. Dans ce cadre, la co-animation doit être possible dans de bonnes conditions (sans perte d’heures).
  • La direction a la volonté de ne pas mettre les personnels INSPE en difficulté sur leurs services. Elle rappelle les différents types de postes : enseignants titulaires INSPE-université, enseignants en service partagé (pour lesquels il faut adapter les demandes en fonction des besoins réels), les collègues “mis à disposition” qui dépendent du rectorat. Actuellement à l’INSPE la formation est assurée à 44% par des “praticiens” (là où la loi dit 33%). Cela ne doit pas mettre en danger les personnels affectés à l’université en tant que titulaires. Sur ce point la FSU souligne que cet effet “turn over” est mal perçu par les collègues, qui ne veulent pas être des variables d’ajustement. Certes, il y a des statuts différents. Si toutefois un “surplus” d’heures est constaté, les collègues qui le souhaitent devraient pouvoir s’engager dans la co-intervention ou la participation à des projets de recherche. Ce serait aussi l’occasion de reconnaître pour eux le temps de préparation et de concertation qu’implique l’intervention dans le master. Par ailleurs, la FSU est favorable à ce que les modalités de recrutement des collègues dits “praticiens” respectent les usages universitaires (profils, prise en compte des expertises et compétences, commission). 

Autres questions

La FSU fait la demande que les OS puissent installer un stand d’information des stagiaires lors des journées de rentrée. La direction donne son accord.

La FSU fait la demande d’une présence “métier” (et/ou syndicale) en tant que membre extérieur au CI de l’INSPE. C’était le cas il y a quelques années ; il nous semble important que la voix du “métier” et du terrain ne parvienne pas qu’à travers les représentants de l’institution. La direction note la demande (renouvellement du CI en novembre 2023).

Vos représentant-es des personnels 

M. Coret, J. Coussay, G. Tabourdeau