Compte-rendu du Groupe de Travail Académique sur la réforme de la Formation Initiale des enseignant-es du 21/01/2021

Présent-es : SG, DAFPEN, DRH, Dasen Charente, Doyenne 1er degré, DEC (Valérie Hulin), Moyen (Delphine Pionnier), DPE (Doreau), 2 IA-IPR, 5 FSU-CGT Educ’Action, 2 UNSA Educ, 1 SNALC, 1 FO,

Note d’ambiance : Face à l’urgence de la mise en oeuvre imminente de la réforme de la formation initiale des enseignant-es (septembre 2021), la FSU/CGT Educ’Action n’a eu de cesse de demander à ce qu’un groupe de travail soit mis en place avec l’ensemble des acteurs de la réforme : Rectorat, Université et ses composantes, dont l’Inspe, Organisations syndicales représentatives. C’est donc après plus de 3 mois de demandes insistantes de la FSU que ce 1er GT a été organisé… mais pour l’heure, aucune réponse à nos questions n’a été apportée.

Les échanges ont porté sur les quatre points suivants : 1. Le périmètre du GT ; 2. Les modalités d’alternance des futurs étudiants contractuels MEEF, 3. L’implantation des berceaux, 4. Les conditions de travail des futurs tuteurs et formateurs qui auront à assurer le suivi des étudiants (avant le concours), fonctionnaires stagiaires (après le concours).

Propos introductif

En préambule à toute discussion, la FSU/CGT Educ-Action a souhaité rappeler que :
Depuis plus d’un an le ministère de l’Éducation nationale publie progressivement les textes qui serviront de base à ce qu’il annonce comme une réforme permettant d’accentuer la « professionnalisation » de la formation des enseignants et enseignantes.
Les objectifs affichés sont louables : attractivité du métier, amélioration de la formation, “homogénéisation” de la formation entre les INSPE…
Mais dans les faits, cela revient surtout à :

  • utiliser les étudiants MEEF comme moyens d’enseignement en les plaçant en responsabilité devant des classes avant le concours ; précariser les étudiants MEEF en les contractualisant ;
  • supprimer les décharges de service des lauréates et lauréats des concours dans leur année de fonctionnaires stagiaires, ce qui n’améliore pas leur entrée dans le métier ;
  • multiplier les injonctions et les contraintes sur les contenus de la formation Master, considérée comme une liste de compétences à valider, au détriment de la cohérence du diplôme ;
  • fragiliser encore la formation universitaire par la création de parcours PPPE.

Ce qui fait problème dans la formation et l’entrée dans le métier aujourd’hui n’est donc pas résolu par ce que prévoient les textes. Cette réforme, tant sur le contenu que sur la méthode, rencontre l’opposition d’une très grande majorité de collègues. Les ministères ne l’ignorent pas (cf. dernier compte rendu du comité de suivi des INSPE) mais décident de passer en force.
Ce faisant, les ministères laissent au local la responsabilité des choix de mise en œuvre – la DGESIP se disant “très ouverte”, prête à regarder avec pragmatisme et intelligence les propositions qui remonteront des académies (audience Snesup du 13 janvier).
Dans ce contexte, la FSU a demandé depuis septembre à Mme la Rectrice d’organiser un GT spécifique sur la réforme de la FDE et la mise en stage : si tout se décide au local, alors nous pensons qu’il est important que tous les acteurs et actrices de la formation puissent faire des propositions pour que la mise en oeuvre de cette réforme soit la moins mauvaise possible, dans le contexte, pour les futurs enseignants, collègues formateurs, collègues des écoles et établissements… pour les élèves.
Pour rappel, des propositions ont été formulées par le groupe de travail INSPE-Rectorat (dont quelques membres sont présents aujourd’hui), qui, comme d’autres INSPE, a considéré que le modèle mixte filé / massé pour les PE est le plus favorable à la formation et désorganise le moins possible le fonctionnement des écoles. Dans le même ordre d’idées, le GT portait aussi l’idée d’une co-présence possible entre alternant et titulaire de la classe pour une prise en main progressive et outillée…
Le dossier d’accréditation de Poitiers (pour CFVU du 21 janvier, CI du 27 et DGESIP) reprend d’ailleurs ces propositions.
Pour finir, nous pouvons préciser les attentes de la FSU par rapport à ce GT : il ne s’agit pas tant de pointer les contradictions – pourtant il y en a – entre objectifs affichés de cette réforme et mesures réelles (harmonisation de la formation entre les INSPE ? non ; amélioration de la formation ? non ; attractivité du métier ? non), entre recommandations et réalités locales (aucune prise en compte des acteurs et actrices de la formation, dégradation des conditions d’études et de travail) etc. Ce que la FSU souhaite (et c’est la raison pour laquelle elle a demandé ce GT), c’est un lieu de discussion respectueux de l’expertise et de la négociation représentative pour tendre vers un modèle d’alternance qui ne mette pas en difficulté les étudiants et qui ne se réduise pas à l’utilisation d’étudiants comme moyens d’emploi et permette une réelle amélioration de la formation.

Périmètre du groupe de travail

La FSU/CGT Educ’Action a demandé que le périmètre de ce GT soit élargi, de manière à intégrer les représentants de l’université. Il n’est en effet pas souhaitable de cloisonner les discussions à propos de la Formation des Enseignant-es : la “réforme” concerne les étudiants des masters MEEF et aura un impact sur les personnels (mouvement, vie des écoles et établissements…).

Le SGA s’est engagé à réunir ce GT régulièrement. La prochaine séance aura lieu avant le départ en vacances de février et sera ouverte aux représentant-es de l’enseignement supérieur.

Modalités d’alternance

La FSU/CGT Educ’Action s’est opposée à l’utilisation des étudiants comme moyens d’enseignement. Au-delà du risque réel d’engorger le mouvement en préemptant les postes les plus prisés et de générer une quinzaine de mesures de cartes scolaires pour le 1er degré, rappelons que les étudiants alternants n’auront pas fait l’objet d’un véritable recrutement par concours. Il n’y aura donc pas de garantie sur leurs compétences professionnelles. Le caractère formateur des stages, en alternance ou non, est primordial (c’est d’ailleurs une modalité de formation bien connue et répandue à l’université) – cela demande donc que :

  • les étudiant-es (alternants contractuels ou non) soient confronté-es à différents contextes d’exercice ;
  • la répartition des heures dues (contrat d’alternance ou stage) puisse combiner des journées filées et des périodes massées, en tous cas pour les PE ;
  • la période de fin d’année du M2 soit libérée pour que les étudiant-es puissent se consacrer aux épreuves des concours ;
  • aucun-e étudiant-e ne soit placé-e en responsabilité seul-e dès le début de l’année ;
  • aucun-e étudiant-e ne soit placé-e en responsabilité “sans filet” : pour la FSU/CGT Educ’Action, la mise en responsabilité doit être précédée d’un temps de co-travail (tuilage, préparation, co-intervention) avec le titulaire que l’étudiant-e serait amené-e à remplacer ;
  • les enseignant-es titulaires remplacé-es doivent être libéré-es pour participer à des actions de formation continue sur temps de travail ;
  • les berceaux de stage soient sélectionnés pour leur intérêt pour la formation et non pour leur seule disponibilité.

La FSU/CGT Educ’Action a rappelé que des propositions allant dans ce sens ont été formulées par le GT réunissant université / rectorat depuis un an et demi et faisaient accord au sein des représentants des différents acteurs concernés. Elles ont été ultérieurement refusées sans aucun argument par le représentant du Rectorat.
> Sur la plupart de ces points les positions des OS présentes sont convergentes. Le SGA s’est dit “à l’écoute” des propositions et des analyses. Il a rappelé toutefois que les stagiaires alternants sont prévus dans le plafond d’emploi et que l’utilisation surnuméraire de ces moyens aurait des conséquences sur les moyens des départements. Il n’apporte pas de réponse à ce stade et les services rectoraux proposeront des simulations au prochain GT.

Implantation des berceaux d’alternance

La FSU/CGT Educ’Action a souhaité alerter l’administration sur la question des berceaux d’alternance. Ainsi, l’an prochain il y aura des étudiants alternants (choisis parmi les non-admis du CRPE 2021), des étudiants en observation et pratique accompagnée (M2 non admis 2021 + étudiants M1 de la nouvelle “formule”), et des fonctionnaires stagiaires (lauréats 2021).
Où trouver ces berceaux tiers temps – qui viennent s’ajouter aux berceaux mi-temps des fonctionnaires stagiaires ? L’hypothèse, pour le 1er degré, de placer les étudiant-es contractuels tiers temps sur les décharges de directeur-trices d’école ou de PEMF n’est pas acceptable – cela représente une charge de travail supplémentaire qu’il n’est pas souhaitable de leur imposer. Faire le choix de charger une fois de plus les collègues risquerait de faire exploser les écoles. Dans le modèle actuel, il est inenvisageable de mettre des PES sur les décharges de directeur-trices, et les expérimentations de PES sur des décharges de maîtres-sses formateur-trices avaient été un véritable échec. Comment serait-il alors possible de l’envisager avec des étudiant-es n’ayant validé aucun concours certifiant, a minima, leurs compétences académiques?

Le SGA ne dispose pas du nombre d’alternants. Il évoque 60 berceaux pour le 1er degré, autant pour le 2d degré – mais ce n’est pas encore stabilisé.

Les conditions de travail des futurs tuteurs et formateurs

Les effectifs de formateur-trices nécessaires inquiètent fortement la FSU/CGT Educ’ACtion. En effet, il est déjà difficile de trouver suffisamment de formateur-trices et de tuteur-trices dans le modèle actuel, il sera donc compliqué d’en trouver en plus pour les stagiaires en pratique accompagnée et alternants. Différentes questions se posent alors : Quel sera le profil des formateur-trices employé-es ? Quelles seront leur formation et leur certification ? Les PEMF assureront-ils la formation des stagiaires tandis que d’autres collègues non certifié-es accompagneront les alternant-es ? Pour la FSU/CGT Educ’Action, ce serait absurde.
Le suivi des étudiants et stagiaires ne doit pas être confié à des collègues non formateurs. Cela ne doit pas non plus être imposé. La question qui se pose est donc celle de la formation des tuteurs – accompagnateurs et du temps qui sera dégagé pour qu’ils puissent mener à bien leurs missions.

L’administration mentionne l’existence d’un travail en cours par “un chercheur”, M. Piot, consistant à analyser les pratiques actuelles des tuteurs (à partir d’un “panel représentatif”) afin d’élaborer un référentiel. L’administration réfléchit aussi à une “harmonisation” des formations de formateurs. Pour la FSU/CGT Educ’Action, l’utilisation d’un référentiel ne remplacera jamais une véritable formation ambitieuse ; former des enseignant-es est un métier qui s’apprend et qui ne peut se résumer à la transmission de “bonnes pratiques”.

Le fonctionnement de la formation du 1er degré et de ses spécificités par rapport au 2nd degré semble peu maîtrisé par les services du rectorat. Ainsi, l’absence de MA (maîtres-ses d’accueil du 2nd degré) dans le 1er degré pose un souci dans le modèle envisagé par la DAFPEN pour la rentrée prochaine. A plusieurs reprises, les représentants de l’administration ont d’ailleurs reconnu ne pas avoir anticipé les différents aspects de la mise en œuvre de la réforme soulevés par les OS.

Conclusion

Ce groupe de travail avait pour objet de permettre à l’administration de recueillir les demandes des organisations syndicales concernant cette réforme. Aucune réponse n’a donc été apportée par les services et plusieurs scénarios seront présentés au prochain GT.
A l’issue des deux heures de groupe de travail, la FSU/CGT Educ’Action a demandé que soient portées à l’Ordre du jour de la prochaine réunion du GT les questions suivantes :

  • les équipes plurielles et les formateurs en service partagé
  • les perspectives de l’après-concours
  • les Parcours Préparatoires au Professorat des Écoles (PPPE) et parcours préprofessionnalisation universitaire.
  • la formation des lauréats 2022 non MEEF

Vos représentant-es des personnels FSU/CGT Educ’Action :
B. Feral, C. Fontaine, A. Joulain, C. Marchefaux, G. Tabourdeau