Dans la Fonction publique, les premières mesures annoncées dans le cadre de la conférence sur les perspectives salariales sont loin d’être à la hauteur du déclassement salarial d’une bonne partie des fonctionnaires. Le refus du dégel du point d’indice confirme les orientations de la politique du gouvernement en la matière. Cette décision participe à la perte d’attractivité de nos métiers et à la difficulté de recruter, tout en s’inscrivant dans la lignée d’autres mesures prises (réforme de l’accès à la haute fonction publique etc) pour lesquelles il s’agit d’aller vers une Fonction publique d’emploi remettant ainsi en cause un des piliers du modèle social français. Cette année avec la mise en place d’un mouvement sur postes à profil (POP), le ministère de l’Éducation nationale continue de développer l’opacité et l’arbitraire déjà devenus la norme avec la loi TFP.
Dans l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer continue ses incessantes provocations, s’inventant des ennemis de l’intérieur. Ainsi, le problème, c’est désormais les enseignants qui ne transmettraient pas les valeurs de la République. On ne peut que souligner la grande « cohérence » de notre ministre qui, le 16 octobre 2021, lors de la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, proclamait « chérissez vos professeurs ». Après les louanges, la boue. De tels propos semblent relever du carré régalien, au sujet duquel nous attendons encore des précisions. Guidé par des considérations politiciennes, Le ministre de l’Education nationale s’égare et met sa position au service de la stratégie de triangulation de la droite dont il s’agit d’aguicher l’électorat, pour asseoir la réélection du président de la République. La Une insultante du Figaro est la navrante conséquence de la manière dont depuis plusieurs mois il a stigmatisé les personnels de l’Education nationale.
Les derniers mois de ce quinquennat confirment les orientations de la politique menée depuis 5 ans, mélange d’économies, de dénaturation de nos métiers et de renoncement à l’ambition de démocratisation de notre système éducatif, à l’image des menaces qui pèsent sur l’avenir de l’Éducation prioritaire.
Quant à nos métiers, par petites touches, ils sont complètement remodelés pour mieux les encadrer : le PLE est moins une protection pour les enseignants qu’un outil de contrôle des pratiques pédagogiques, comme le confirme une FAQ plus prescriptive que les 1ers textes parus. L’évaluation des établissements sert surtout, par des moyens insidieux, à faire endosser aux personnels la responsabilité des difficultés rencontrées et à les faire adhérer à des solutions qui relèvent davantage du néomanagement que de l’amélioration du service public d’Education, sommé de faire toujours plus et mieux avec moins.
La politique du ministère elle, échappe à cette frénésie de l’évaluation en ne faisant l’objet d’aucun bilan. A ce titre, la fusion programmée par ordonnances des IG dans un corps unique des administrateurs de l’État en est une preuve supplémentaire.
Le ministre est dans le déni des conséquences désastreuses des réformes du lycée et du baccalauréat. La dernière note de la DEPP, « les effets des choix des élèves en lycée général et technologique sur les services des enseignants » met en évidence les conséquences de la réforme du lycée : suppression de postes et dégradation profonde des conditions de travail.
Ainsi, une diminution de 35820 heures de cours a conduit à la suppression de 1990 postes pour le cycle terminal ! A cela, il faudrait ajouter toutes les heures disparues au niveau de la classe de seconde où se cumulent les effets de la disparition des enseignements d’exploration obligatoires et de l’effondrement des options. Au-delà des enjeux de postes, la note de la DEPP donne des indices chiffrés de l’explosion du groupe-classe entraînée par la réforme dans la voie générale. Les « équipes éducatives » de chaque classe sont ainsi devenues pléthoriques, floues et éclatées (chaque intervenant n’ayant qu’une partie de la classe, et certaines disciplines étant découpées entre plusieurs enseignants), rendant le travail en commun (et le travail des professeurs principaux) de plus en plus compliqué. Les enseignants interviennent sur un nombre plus important de classe. Les conséquences sont un alourdissement de la charge de travail (davantage de
classes différentes, c’est davantage d’élèves à connaître, et de copies à corriger et aussi plus de conseils de classe).
En ce qui concerne les épreuves de spécialités et le grand Oral, rien n’est réglé. Le maintien des épreuves écrites en mars déséquilibre l’année et conduit à un bachotage généralisé pour boucler des programmes pléthoriques en dépit des aménagements cosmétiques de la rentrée. La FSU demande un déplacement de ces épreuves et une remise à plat du Grand Oral.
Le ministre, voulant être le 1er de la classe de l’austérité vient de rendre 75 millions d’euros à Bercy. Cet exploit a été possible d’une part en supprimant 1883 emplois à cette rentrée avec 36 499 élèves de plus, en ne créant aucun poste de CPE, d’assistante sociale, PSY-EN, infirmier.e, médecin, administratif et d’autre part en rognant les enveloppes de moyens notamment les frais de déplacement pour certains personnels itinérants. L’académie de Bordeaux a dû prendre sa part : 112 postes « compensés » par 134 équivalents temps pleins (ETP) en HSA pour 2488 élèves supplémentaires selon les prévisions de janvier.
Les conséquences sont visibles : augmentation des effectifs dans les classes, réduction de l’offre de formation etc…Pour faire face aux enjeux pédagogiques de cette rentrée sous Covid, il aurait fallu appliquer à l’Education nationale le “quoi qu’il en coûte” et faire un collectif budgétaire pour le 1er degré et le second degré pour la création de postes d’enseignant.es, de CPE, AED, AESH, de Psy En, de personnels administratifs, techniques, santé et sociaux dans les établissements et les services pour répondre aux besoins et annuler les suppressions de postes.
De nouvelles suppressions d’emplois dans le second degré public sont prévues à la rentrée 2022 (ce qui portera à 7900 le nombre de suppressions d’emplois d’enseignants sur le quinquennat). On peut ajouter l’absence de réelle revalorisation des AESH, le refus de verser la prime REP/REP+ aux AED et AESH.
La soi-disant « priorité » donnée à l’école primaire depuis le début du quinquennat va se traduire par zéro création d’emplois dans les écoles en 2022, alors même que les réformes engagées vont se poursuivre : plafonnement à 24 élèves par classe en grande section de maternelle, CP et CE1, dédoublement des classes de grande section en REP et REP+, augmentation des décharges de direction. Or ces priorités sont consommatrices de postes, comme le montre la ventilation des moyens créés lors des précédents budgets. Sans création supplémentaire, elles seront financées par redéploiement (notamment par de nombreuses fermetures de classes !) et entraîneront une nouvelle dégradation des conditions d’enseignement dans les écoles.
La situation sanitaire se dégrade une nouvelle fois et fait basculer la France dans une 5eme vague. Le proto- cole sanitaire dans les collèges et lycées reste toujours aussi flou en raison de règles très générales et d’une forme de renvoi au local et de l’absence d’investissement majeur pour équiper les établissements. Avec la dégradation du contexte sanitaire, le maintien des réunion parents-professeurs dans leur format tradition- nel est-il vraiment pertinent ?
Dans le premier degré, les nouvelles dispositions à mettre en œuvre après l’apparition d’un cas de Covid vont semer un peu plus la pagaille et générer des tensions supplémentaires dans les écoles. Alors que l’épidémie flambe et que les scientifiques alertent sur la nécessité de restreindre au maximum la circulation du virus pour freiner les contaminations, le gouvernement décide d’alléger les mesures à l’école primaire où les 6 millions d’élèves ne sont pas vaccinés. La décision de ne plus fermer les classes au premier cas de covid positif va contribuer à accroître l’épidémie. Les études de l’Inserm mettent pourtant en évidence un fort niveau de transmission dans les écoles (le taux d’incidence des 6-10 ans est extrêmement élevé), con- tribuant à la circulation virale en communauté. Le gouvernement met ainsi en danger les élèves, les per- sonnels et leurs familles.
Parallèlement, le manque de personnels se fait cruellement sentir et désorganise complètement le service public d’éducation. La situation est catastrophique sur le terrain : les remplaçants sont sommés de changer d’école soudainement en milieu de journée pour jouer aux pompiers. Et l’on ne compte plus le nombre d’élèves renvoyés chez eux car l’enseignant·e absent·e n’est pas remplacé·e… Intenable pour les équipes pédagogiques qui tiennent les écoles à bout de bras dans cette période plus que difficile.
Déjà en tension, l’obligation vaccinale imposée de manière incompréhensible aux PsyEN conduit à des suspensions qui fragilisent encore plus le service public d’orientation. Les personnels en poste sont surmenés et les familles peinent encore plus à accéder à une information rendue encore plus indispensable par la réforme du lycée et parcoursup.
Le 25 novembre est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. La FSU profite de ce CTA pour rappeler que la Fonction publique ne garantit pas une protection contre la vio- lence au travail pour les femmes. Ainsi, les résultats d’une enquête de l’Institut national d’études démogra- phiques (INED) publiée en 2020, montre que 16,5 % des femmes fonctionnaires sont victimes de violences au travail. Par ailleurs, les hiérarchies sont surreprésentées parmi les agresseurs. Cette étude pointe encore qu’il est difficile pour une femme qui subit des violences dans son travail d’interpeller son employeur et d’obtenir de sa part les mesures qui devraient immédiatement s’imposer.
Force est de constater que la Fonction publique n’a pas pris toutes les mesures nécessaires (moyens budgé- taires, structurels et humains) pour prévenir, lutter et faire cesser les violences faites aux femmes sur le lieu de travail. Avec, la signature de l’accord égalité professionnelle de la Fonction publique en novembre 2018, chaque ministère devait déployer un dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes. Trois ans après, l’Éducation nationale n’a tou- jours pas rendu les arbitrages nécessaires à la mise en œuvre d’un dispositif national.
Nous actons la mise en place d’un calendrier dans notre académie. Nous serons néanmoins vigilants sur les moyens budgétaires et humains déployés notamment en terme de formations et d’informations adressées aux collègues pour une mise en place véritablement ambitieuse du protocole « égalité professionnelle ».
Au niveau des établissements, il est urgent qu’une dotation spécifique soit allouée pour mettre en œuvre les missions des référents égalité, montrant ainsi que l’égalité homme/femme est bien une priorité au sein de l’E et pas un slogan
Le gouvernement doit mettre en œuvre sans plus attendre un grand plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.