Communiqué de presse intersyndical.

Le conseil régional doit adopter la carte des formations professionnelles en région Centre-Val de Loire lors de la session plénière des 21 et 22 décembre.
Celle-ci fait la part belle à l’apprentissage au détriment de la voie scolaire.
Pourtant ce mode de formation n’est pas exempt de critiques : à la fois inégalitaire et discriminant, il est également prouvé que les ex-apprentis ont moins de possibilité d’évolution de carrière et sont moins mobiles ensuite.
Le 22 novembre, le Conseil Académique de l’Éducation Nationale a rejeté le projet de carte présenté par la région. Toutes les organisations syndicales qui se sont exprimées ont relevé le déséquilibre en faveur de l’apprentissage : pour 1 ouverture de place sous statut scolaire, la région décide de 4 ouvertures en apprentissage. Le CESER a lui aussi émis des réserves.
Malgré cela, la région continue sa propagande en faveur de l’apprentissage et continue à vouloir en faire sa priorité en termes de formation professionnelle avec pour objectif 23 000 apprentis en CFA à l’horizon 2022 (soit + 25 %).
Pour faire entendre une autre voix, les organisations syndicales FSU, CGT, FO et SUD invitent les journalistes à un point presse le jeudi 21 décembre devant le conseil régional à 12h00.


Tract intersyndical carte formations

L’apprentissage, un mode de formation inégalitaire, discriminant et réducteur.

La carte des formations professionnelles en Région Centre-Val de Loire pour la rentrée 2018 telle qu’elle est proposée est dangereusement symptomatique d’une pensée unique néfaste pour la jeunesse comme pour l’avenir de la Région.

Quand le problème du chômage n’est regardé qu’à travers le prisme de l’idéologie libérale, la propagande patronale en faveur de l’apprentissage n’a plus de limite. Tout en craignant actuellement de perdre la main sur les formations professionnelles, ainsi que sur la manne de la taxe d’apprentissage, la Région semble vouloir continuer à se mettre au service du patronat. Après le CAEN, c’est le CESER qui s’inquiète de ce mépris pour la voie scolaire et du manque de débouchés pour les bacheliers professionnels.

On en arrive en effet à une carte des formations (initiales !) qui ne s’adresse pas aux plus jeunes, aux plus fragiles, mais qui se transforme par bien des aspects en plan de formation pour des adultes, pour le bénéfice à court terme des entreprises.

• Pour 1 ouverture sous statut scolaire, il y en a 4 par apprentissage.

• Les ouvertures de niveau V, uniquement en apprentissage, ne s’adressent pas aux sortants de collège mais à des adultes (CAP en 1 an, titres professionnels, diplômes d’État « en lien avec la réforme de l’apprentissage à 30 ans »)

• Nombre d’ouvertures se font en mixage des publics, ce qui est néfaste à la formation : son seul intérêt est financier, à court terme ; le mixage nie la progressivité des apprentissages, demande une individualisation de l’enseignement et une forte autonomie des jeunes dans leurs apprentissages. Il va entraîner l’aggravation des conditions de fomation et de travail et la sélection des jeunes. Cela réduira un peu plus les Lycées Professionnels à n’être que la cinquième roue du carrosse, la voie de relégation qui doit cacher les failles de l’apprentissage.

Pourtant, les études sur les ruptures de contrat (38 % chez les moins de 18 ans, chiffre en augmentation), sur la moindre chance d’obtenir un diplôme pour les entrants en formation (- 9 % en CAP, – 20 % en bac pro), sur la moindre poursuite de formation, sur les effets discriminatoires de l’apprentissage, ne manquent pas.

Être conseiller régional et continuer à soutenir et favoriser, sans contrepartie, l’apprentissage, c’est aller à l’encontre de l’école de la République, c’est choisir de réduire la transmission d’une véritable culture commune et citoyenne, qui apparaît souvent bien nécessaire pourtant…

L’école n’est pas responsable du chômage. Le développement de l’apprentissage ne règlera pas le problème du chômage, pas plus que la loi Travail, bien au contraire. Nous savons bien que les comparaisons avec d’autres pays sont tout autant fallacieuses. Le faible niveau de chômage des jeunes en Allemagne s’explique bien davantage par la démographie que par l’apprentissage, dans des entreprises qui ne mendient pourtant pas les primes et qui forment leurs maîtres d’apprentissage.

Par la fermeture de 183 Lycées Professionnels en 10 ans, l’enseignement professionnel public et laïque, sous statuts scolaire, a payé un lourd tribu. Tout jeune qui le souhaite doit pouvoir être scolarisé dans un LP public pour préparer un diplôme et acquérir une qualification reconnue.
Nous revendiquons que les mêmes moyens de valorisation mis en œuvre pour l’apprentissage soient mis en œuvre pour la voie professionnelle sous statut scolaire en lycée professionnel. Il serait peut-être temps, pour les élèves comme pour les personnels, de vanter les parcours de réussites en lycée professionnel. Certains élèves par exemple intègrent des classes prépa ingénieur au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines après un bac pro.

Pour lutter contre le chômage, d’autres choix sont possibles :

• une formation ambitieuse pour tous, cherchant l’élévation des niveaux de qualification et leur reconnaissance avec des grilles de salaires idoines ;

• l’augmentation des salaires et des pensions ;

• l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;

• le développement industriel et des services publics

• la lutte contre les délocalisations.